Citation du Mois

" La jeunesse est le temps d'étudier la sagesse; la vieillesse est le temps de la pratiquer."
Rousseau

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samedi 25 février 2017

Français Modernes - Les Traits Sémantiques des verbes

LES TRAITS SÉMANTIQUES DES VERBES


Les verbes sont caractérisés par une série de traits qui rendent compte des types de procès dénotés, qui permettent de sélectionner les compléments du verbe ou qui définissent sa conjugaison. Les verbes sont régis par deux matrices de traits, les traits inhérents et les traits contextuels. 

I] Types de Procès

Les verbes expriment des procès.
Ils sont bornés ou non bornés et on distingue les procès perfectifs (marcher) et imperfectifs (arriver quelque part). 

A) Procès Perfectifs (procès hétérogène, terminatif)

= comporte dans ses signifiés une borne, un terme ou un seuil. 
ex: arriver quelque part ; la représentation comporte en elle-même l'indication de son terme. 
  • Accomplissements [dans la durée]: traverser la rue, tracer un cercle, fumer une cigarette... 
→ fumer EN deux minutes.      
  • Achèvements [pas de durée]: atteindre le sommet, entrer, sortir, mourir, trouver une solution...

B) Procès Imperfectifs (procès homogène, non terminatif)

  • Etats : être + Adjectif (ce qui correspond à des états plus ou moins stables):
- propriété nécessaire: être égal à
- propriété permanente: être rond
- état contingent stable: être écrivain, être jeune
- état contingent instable: (ou état transitoire) être malade, être en colère, avoir faim, garder un secret, savoir l'anglais
  • Activités : parler, marcher, courir, chercher une/la solution, conduire une/sa voiture
→ fumer PENDANT deux minutes. 

C) Aspect lexical et aspect grammatical

La valeur d'une forme verbale à un temps donné dans un énoncé résulte du type de procès et la valeur du temps verbal (passé simple ou imparfait). 

"La notion d'aspect se situe à plusieurs niveaux qui inter-agissent, et s'applique à des segments de diverses natures. Il est donc préférable d'intégrer le classement des occurrences à l'étude, afin d'éviter une présentation hétérogène et redondante. 
L'aspect accompli présente le procès comme réalisé, c'est-à-dire saisi au-delà de son terme. En revanche l'aspect inaccompli envisage le procès en cours de réalisation."
 Éléments de réflexion sur l'aspect grammatical et lexical - Frédéric CALAS et Nathalie ROSSI

Exercice
C’était midi. Les voyageurs montèrent dans l’autobus. On était serré. Un jeune monsieur portait sur sa tête un chapeau entouré d’une tresse, non d’un ruban. Il avait un long cou. Il se plaignait auprès de son voisin des heurts que celui-ci lui infligeait. Dès qu’il aperçut une place libre, il se précipita vers elle et s’y assis.
Je l’aperçus plus tard devant la gare Saint Lazare. Il se vêtit d’un pardessus et un camarade qui se trouvait là lui fit cette remarque : il fallait mettre un bouton supplémentaire.

Classer les prédicats (verbes conjugués au passé simple ou à l’imparfait) selon l’imperfectif (procès a-téliques ; non borné) et le perfectif (téliques ; borné)

PERFECTIF
IMPERFECTIF
Accomplissement
Achèvement
Etat
Activité
▪ Se précipiter (vers)
▪ Se vêtir
▪ Monter (dans l’autobus)
▪ Apercevoir (une place)
▪ S’asseoir
▪ (le) Faire
▪ Porter (un chapeau)
▪ Avoir (un long cou)
▪ Se trouver (là)
▪ Se plaindre (de)
▪ Infliger (qqchose)
▪ Faire

Le Passé simple exprime typiquement l’idée de borne, l’imparfait quant-à-lui, l’absence de bornes

  • PASSE SIMPLE

Les verbes qui ont un aspect lexical ponctuel sont davantage compatibles avec le passé simple.
S'oppose à l'imparfait de façon traditionnel. Il saisit le procès dans sa globalité et "l'enferme dans des limites (aspect perfectif, non sécant, trait borné,)". On lui attribue des affinités naturelles avec les procès perfectifs.
Avec des états, le Passé Simple peut créer un *effet de surgissement (effet perfectivant)
ex: il sut alors, il comprit alors.. ↔ le verbe savoir (imperfectif) prend le sens d'entrer en connaissance de qui le place dans un procès perfectif.

  • IMPARFAIT
Les verbes qui ont un aspect lexical duratif dont davantage compatible avec un emploi de l'imparfait.
Il envisage le procès "sans limites à un stade de son déroulement (aspect imperfectif ou sécant, trait non borné, trait duratif)".
Affinité avec les procès imperfectifs mais conflit avec les procès perfectif - il existe cependant quelques solution.
     - Déperfectivation: tout se passe comme si l’image construite consistait à dilater, effacer les bornes. *les voyageurs montèrent peut être les voyageurs montaient
     - Effet d’habitude: itération indéfinie, caleur de caractérisation
     - Imparfait de rupture = ouverture, clôture il mourrait trois mois plus tard

Il peut y avoir concordance ou discordance des aspects lexical et grammatical en discours. Les verbes d'état et les verbes d'achèvement sont notamment concernés par ces discordances.
"Il est difficile de faire abstraction du contexte et d'attribuer une valeur aspectuelle au verbe seul. Il est nécessaire de prendre en compte les arguments du verbe et d'autres compléments, tels certains compléments de temps."

II] Traits inhérents des verbes

 → Transitoire, auxiliaire avoir, attribut, factitif, résultatif, action, duratif, mouvement
Ces traits ne sont pas ordonnés les uns par rapport aux autres mais relèvent de ce que l'on appelle l'aspect. Ils sont dépendants du type  de processus ou d'état désigné par le verbe et ils ne dépendent pas du contexte, mais font partie des caractéristiques du verbe en question.

III] Les Traits Contextuels

= Caractérisent les combinaisons possibles des verbes avec:
     - un Groupe Nominal Sujet
     - un Groupe Nominal Complément

Le verbe est pourvu de traits dits contextuels spécifiant les traits inhérents requis par les unités avec lesquelles ils se combinent: le chien dort/ *le rocher dort
Les traits contextuels servent à décrire les verbes en partant de la construction syntaxique à laquelle ils participent.








Français Modernes - Les Traits sémantiques des Noms

LES TRAITS SÉMANTIQUES DES NOMS


Une série de traits inhérents caractérisent les substantifs et déterminent les règles de sélection lors de leur usage dans la communication orale ou écrite.
- Les uns sont en nombre fini 

I] Les Traits lexicaux inhérents

  • Trait COMMUN : distingue les noms communs (table, courage, joie) des noms propres (Paris, la France, Jean)
  • Trait ANIME: marque la différence entre l'objet vivant (Jeanne, le peuple, chien, enfant, rhinocéros) et l'objet inanimé (rocher, justice, la Seine, la Belgique) 
  • Trait HUMAIN: distingue des mots faisant référence à un être humain (Sarah, garçon, fille, professeur) et des autres non-humain (chien, montagne, poule, ferme), cela permet d'expliquer les rapports syntaxiques entre les noms personnels je et tu et les noms propres de personne.
  • Trait CONCRET: marque la distinction entre les mots concrets, qui existe dans la vie réel (la télévision, la table, la maison, la ville) et les mots abstraits, subjectifs (pensée, croyance, beauté, angoisse). Les mots moins concret sont souvent dérivés de verbes ou d'adjectifs.
  • Trait COMPTABLE: permet de distinguer les noms pouvant être compter (pied, enfant, table) des noms qui excluent les numéraux cardinaux (courage, vin, bétail
  • Trait MASCULIN: différence entre les mots masculins (livre, mur, fauteuil) et les mots féminins (table, chaise, sentinelle, colère). Certains peuvent être affecté des deux caractéristiques et prendre les deux déterminants types (un-une bibliothécaire, un-une ministre)

II] Les Contraintes liées aux Traits Inhérents

Le Trait Animé/Non Animé : rend compte par exemple de la différence entre le COD d'apporter (un livre, une baguette) et d'amener (un ami, un parent)
La présence de ce trait entraine l'opposition en/son dans les règles du possessif:
J'en ai vu (-animé)/ j'ai vu sa fin (+animé)
ou l'opposition dans les interrogatifs:
Qui vois-tu? (+animé)/ Que vois-tu? (-animé)

Le Trait Humain/Non Humain : utile notamment pour rendre compte des différences d'acceptabilité dans les pronoms personnels ou dans les contraintes sur l’interrogatif
Qui arrive? Paul.
* Qui arrive? la voiture.

Le Trait Commun/Propre : rend compte des contraintes sur la détermination
Le paquet arrive. *Paquet arrive.
Paul arrive.

Le Trait Masculin/Féminin : l'accord de l'adjectif ou la morphologie dérivationnelle
chien/chienne ;  postier/postière  ;  maire/mairesse
Certains mots sont redondant de ce trait 
une souris mâle ou femelle, un serpent mâle ou femelle

Le Trait Comptable/Massif : l'emploi de déterminant ou de numéraux cardinaux
 Il est venu avec un marteau
* Il est venu avec une détermination
Il est venu avec joie
un pied, deux pied, trois chaises, des maisons
* un courage, deux bétails, trois vins

III] Massif, Comptable, et Opposition Discret, Dense et Compact

" La référence définie ne diffère nullement de celle des noms comptables. La sélection dans un ensemble pragmatiquement identifié [la saisie comme type] entraînera la construction d'un Syntagme Défini.
Parallèlement, le prélèvement parmi les entités susceptibles d'être nommées par un nom de masse est également possible, si ce n'est que ce entités ne peuvent plus être considérées comme des individus mais comme des quantités, ce qui exige, en français, l'utilisation d'un autre type de déterminant, communément appelé partitif."
Note sur les noms de masse et les partitifs - Michel Galmiche


La saisie partitive se fait:
     - par prélèvement d'une quantité indéfinie sur l'extension maximale
Paul boit de l'eau.
J'aime ramasser du sable.
J'ai fais réparer ma voiture, de la peinture était écaillée.
     - par prélèvement d'une quantité actualisée (dans le contexte)
Voulez-vous du café?
Le voisin nous a volé du sel
     - par construction d'un sous-type (tri sur l'extension maximale à partir d'un critère spécifié par un modificateur adjoint au Nom)
De l'eau salé, de la terre argileuse, du thé menthe
→ suite à cela on peut passer à: UNE eau salé, UNE terre argileuse...

Moyen de conversion du massif comptable et du comptable au massif:
Par conditionneur externe:
     - implicite (du pain/un pain, du café/un café, du whisky/un whisky)
     - explicite (de l'eau/un verre d'eau, du vin/une bouteille de vin)
(!) le contexte et les rituels socio-anthropologiques ont leur importance
= comme le fait d'énumérer à la caisse d'un supermarché: deux vins, trois huiles

Par broyage, pressage, extraction, découpage (un boeuf/du boeuf ; un citron/du citron ; un oeuf/ de l'oeuf)

"Un nom a un fonctionnement habituel dans une catégorie, même si son appartenance à l'une d'elle n'est pas fixe. Cela est dû à la notion qu'il représente.
Chaque notion possède des caractéristiques particulières, c'est un ensemble de propriétés définies sur lesquelles une communautés linguistique s'entend. [...] Selon la notion à laquelle le nom va renvoyer, on peut définir différentes catégories du nom.
a) Le Discret (discontinu ou comptable) concerne les noms représentant une notion composée d'unités comptable, individualisable, dissociable et également dénombrable. Soit lorsque une occurrence livre à la fois une délimitation quantitative et qualitative d’une notion donnée
b) Le Dense (continu quantifiable) représente une notion non-comptable, mais quand même quantifiable. [Donnez-moi du cheval. La fragmentation de cette masse ''cheval'' est alors possible à l'aide de partitifs et de quantificateurs.] Ces noms ne sont pas dénombrables mais on peut effectuer des opérations quantitatives de l'ordre du prélèvement.
→ Ainsi, le nom employé de façon DENSE est compatible avec un peu de + sing
J'ai acheté un tee-shirt de cachemire.
c) Les Compacts (continu non quantifiable) représentent une notion non quantifiable [dont l'interprétation fait normalement intervenir un support qui reste éventuellement implicite]. Cette notion n'est pas sécable, on ne peut alors pas effectuer d'opération de l'ordre du dénombrable. Ces noms représentent des notions "abstraites" courage, sagesse, blancheur.. 
[Combiné avec des quantifieurs, les compacts ne reçoivent pas une interprétation de quantité mais d'intensité. Beaucoup de sagesse. / Lorsqu'on emploie un pluriel, l'interprétation devient une interprétation de qualité. Il y a des affections inutiles.] "
La Détermination Nominale - Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 (UFR Langues et Civilisations)


IV] Classification des Noms

Par leur différent sens, les noms sont prédisposés à dénoter des entités que nous concevons comme comptables ou non comptables.
On oppose généralement les noms comptables et les noms non comptables. Les premiers pouvant être comptés (un, deux, trois..) ou tout simplement prendre le pluriel (des assemblées). Les seconds ne peuvent en principe pas être comptés ni mis au pluriel et prennent normalement un déterminant PARTITIF (du parfum, de la farine, du respect...).
Pour les noms uniques (soleil, lune, Louis XVI), il parait étrange de leur attribuer un aspect comptable. Pourtant, ces noms ne prennent pas naturellement de partitif et on peut dire un soleil , le pluriel est parfois possible selon un contexte spécifique (Joëlle connaissait deux Napoléon: l'un tendre à la maison et l'autre impitoyable sur les champs de bataille). Les collectifs sont des noms qui renvoient à des groupes d'individus, mais qui peuvent néanmoins être comptés ou prendre le pluriel.

La distinction entre denses et compacts réside, d'une part dans leur origine et d'autre part dans leur référence. Certains compacts engendrent naturellement des emplois comptables (Quatre mariages et un enterrement). Nous allons simplement les considérés comme des déverbaux.
D'autres critères sémantiques peuvent être mis en oeuvre pour classer les substantifs: non relationnels/ relationnels, concret/abstraits




vendredi 24 février 2017

Rappel Signifiant, Signifié, Sens et Signification

INTRODUCTIONRappel sur le Signifiant, le Signifié, Sens et Signification


I] Le Signe Linguistique

*Saussure: Le signe linguistique unit un concept et une image acoustique soit l'empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens - elle est sensorielle.

= Le signe linguistique est donc une entité psychique à deux faces dans laquelle l'image acoustique est le signifiant et le concept. Il se situe dans la langue.

II] Le Référent

On illustre le référent par le Triangle d'Ogden et Richards appelé également, le "triangle sémiotique" dont les sommets constituent la triade "mot - concept - chose"



Le signe renvoi au référent. Il peut être:
- concret: l'arbre, la chaise, la lampe...
- abstrait: l'amour, la haine, la joie...
- fictif: Jean Valjean, Thérèse Raquin, la licorne, le dragon...

 Des signes différents peuvent renvoyer à un référent identique
le vainqueur d'Austerlitz = le vaincu de Waterloo = Napoléon
La Chine = l'Empire du Milieu
La plus belle avenue du monde = Les Champs Elysées

III] La Perception du référent

Le sens se fonde sur la représentation individuelle et/ou socioculturelle d'une réalité, variable selon les individus et les cultures. 
On l'illustre par le trapèze sémiotique de Heger et Baldinger


La partie gauche du trapèze concerne la dimension linguistique: permet de distinguer les significations de lexèmes proches grâce à une analyse sémique.
La partie droite concerne la dimension extralinguistique: ce à quoi le signe renvoi dans une réalité et dans les perceptions socioculturelles de plus ou moins grande généralisation géographique ou diachronique de cette réalité. 

*Kleiber: on peut nommer le tout dans un cadre sémantique de façon cognitive dans la mesure où elle entend mettre en rapport les formes linguistiques et les aspects pertinents des situations extra-linguistique qui les sous-tendent. Dans le but de justifier le langage par notre conceptualisation et notre représentation du monde.

IV] Le Sens et la Signification

*Rastier: le contenu linguistique =
- la SIGNIFICATION, conçue comme relation entre plans du signe (signifiant,signifié) ou corrélats du signe (concept, référent). L'interprétation se définit comme l'identification d'une relation de représentation simple ou complexe.
- le SENS, défini comme parcours entre les deux plans du texte (contenu et expression), et au sein de chaque plan. Un parcours est un processus dynamique, obéissant à des paramètres variables selon les situation particulières et les pratiques codifiés. Le sens n'est pas donné mais résulte du parcours interprétatif normé par une pratique.
→ Interaction entre Sens et Signification. 

La Signification est donc de l'ordre du paradigme. Stable, invariant, sémantique. Le contexte du discours n'est pas pris en compte. Opération de référence à partir de laquelle se définissent les variations de sens.
Le Sens est de l'ordre du Syntagme. Fruit de l'interprétation en fonction du contexte. Obtenu par interférence.