LES TRAITS SÉMANTIQUES DES NOMS
Une série de traits inhérents caractérisent les substantifs et déterminent les règles de sélection lors de leur usage dans la communication orale ou écrite.
- Les uns sont en nombre fini
I] Les Traits lexicaux inhérents
- Trait COMMUN : distingue les noms communs (table, courage, joie) des noms propres (Paris, la France, Jean)
- Trait ANIME: marque la différence entre l'objet vivant (Jeanne, le peuple, chien, enfant, rhinocéros) et l'objet inanimé (rocher, justice, la Seine, la Belgique)
- Trait HUMAIN: distingue des mots faisant référence à un être humain (Sarah, garçon, fille, professeur) et des autres non-humain (chien, montagne, poule, ferme), cela permet d'expliquer les rapports syntaxiques entre les noms personnels je et tu et les noms propres de personne.
- Trait CONCRET: marque la distinction entre les mots concrets, qui existe dans la vie réel (la télévision, la table, la maison, la ville) et les mots abstraits, subjectifs (pensée, croyance, beauté, angoisse). Les mots moins concret sont souvent dérivés de verbes ou d'adjectifs.
- Trait COMPTABLE: permet de distinguer les noms pouvant être compter (pied, enfant, table) des noms qui excluent les numéraux cardinaux (courage, vin, bétail)
- Trait MASCULIN: différence entre les mots masculins (livre, mur, fauteuil) et les mots féminins (table, chaise, sentinelle, colère). Certains peuvent être affecté des deux caractéristiques et prendre les deux déterminants types (un-une bibliothécaire, un-une ministre)
II] Les Contraintes liées aux Traits Inhérents
Le Trait Animé/Non Animé : rend compte par exemple de la différence entre le COD d'apporter (un livre, une baguette) et d'amener (un ami, un parent)
La présence de ce trait entraine l'opposition en/son dans les règles du possessif:
J'en ai vu (-animé)/ j'ai vu sa fin (+animé)
ou l'opposition dans les interrogatifs:
Qui vois-tu? (+animé)/ Que vois-tu? (-animé)
Le Trait Humain/Non Humain : utile notamment pour rendre compte des différences d'acceptabilité dans les pronoms personnels ou dans les contraintes sur l’interrogatif
Qui arrive? Paul.
* Qui arrive? la voiture.
Le Trait Commun/Propre : rend compte des contraintes sur la détermination
Le paquet arrive. *Paquet arrive.
Paul arrive.
Le Trait Masculin/Féminin : l'accord de l'adjectif ou la morphologie dérivationnelle
chien/chienne ; postier/postière ; maire/mairesse
Certains mots sont redondant de ce trait
une souris mâle ou femelle, un serpent mâle ou femelle
Le Trait Comptable/Massif : l'emploi de déterminant ou de numéraux cardinaux
Il est venu avec un marteau
* Il est venu avec une détermination
Il est venu avec joie
un pied, deux pied, trois chaises, des maisons
* un courage, deux bétails, trois vins
III] Massif, Comptable, et Opposition Discret, Dense et Compact
" La référence définie ne diffère nullement de celle des noms comptables. La sélection dans un ensemble pragmatiquement identifié [la saisie comme type] entraînera la construction d'un Syntagme Défini.Note sur les noms de masse et les partitifs - Michel Galmiche
Parallèlement, le prélèvement parmi les entités susceptibles d'être nommées par un nom de masse est également possible, si ce n'est que ce entités ne peuvent plus être considérées comme des individus mais comme des quantités, ce qui exige, en français, l'utilisation d'un autre type de déterminant, communément appelé partitif."
La saisie partitive se fait:
- par prélèvement d'une quantité indéfinie sur l'extension maximale
Paul boit de l'eau.
J'aime ramasser du sable.
J'ai fais réparer ma voiture, de la peinture était écaillée.
- par prélèvement d'une quantité actualisée (dans le contexte)
Voulez-vous du café?
Le voisin nous a volé du sel
- par construction d'un sous-type (tri sur l'extension maximale à partir d'un critère spécifié par un modificateur adjoint au Nom)
De l'eau salé, de la terre argileuse, du thé menthe
→ suite à cela on peut passer à: UNE eau salé, UNE terre argileuse...
Moyen de conversion du massif comptable et du comptable au massif:
Par conditionneur externe:
- implicite (du pain/un pain, du café/un café, du whisky/un whisky)
- explicite (de l'eau/un verre d'eau, du vin/une bouteille de vin)
(!) le contexte et les rituels socio-anthropologiques ont leur importance
= comme le fait d'énumérer à la caisse d'un supermarché: deux vins, trois huiles
Par broyage, pressage, extraction, découpage (un boeuf/du boeuf ; un citron/du citron ; un oeuf/ de l'oeuf)
"Un nom a un fonctionnement habituel dans une catégorie, même si son appartenance à l'une d'elle n'est pas fixe. Cela est dû à la notion qu'il représente.
Chaque notion possède des caractéristiques particulières, c'est un ensemble de propriétés définies sur lesquelles une communautés linguistique s'entend. [...] Selon la notion à laquelle le nom va renvoyer, on peut définir différentes catégories du nom.
a) Le Discret (discontinu ou comptable) concerne les noms représentant une notion composée d'unités comptable, individualisable, dissociable et également dénombrable. Soit lorsque une occurrence livre à la fois une délimitation quantitative et qualitative d’une notion donnée
b) Le Dense (continu quantifiable) représente une notion non-comptable, mais quand même quantifiable. [Donnez-moi du cheval. La fragmentation de cette masse ''cheval'' est alors possible à l'aide de partitifs et de quantificateurs.] Ces noms ne sont pas dénombrables mais on peut effectuer des opérations quantitatives de l'ordre du prélèvement.
→ Ainsi, le nom employé de façon DENSE est compatible avec un peu de + sing
J'ai acheté un tee-shirt de cachemire.
c) Les Compacts (continu non quantifiable) représentent une notion non quantifiable [dont l'interprétation fait normalement intervenir un support qui reste éventuellement implicite]. Cette notion n'est pas sécable, on ne peut alors pas effectuer d'opération de l'ordre du dénombrable. Ces noms représentent des notions "abstraites" courage, sagesse, blancheur..
[Combiné avec des quantifieurs, les compacts ne reçoivent pas une interprétation de quantité mais d'intensité. Beaucoup de sagesse. / Lorsqu'on emploie un pluriel, l'interprétation devient une interprétation de qualité. Il y a des affections inutiles.] "La Détermination Nominale - Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 (UFR Langues et Civilisations)
IV] Classification des Noms
Par leur différent sens, les noms sont prédisposés à dénoter des entités que nous concevons comme comptables ou non comptables.On oppose généralement les noms comptables et les noms non comptables. Les premiers pouvant être comptés (un, deux, trois..) ou tout simplement prendre le pluriel (des assemblées). Les seconds ne peuvent en principe pas être comptés ni mis au pluriel et prennent normalement un déterminant PARTITIF (du parfum, de la farine, du respect...).
Pour les noms uniques (soleil, lune, Louis XVI), il parait étrange de leur attribuer un aspect comptable. Pourtant, ces noms ne prennent pas naturellement de partitif et on peut dire un soleil , le pluriel est parfois possible selon un contexte spécifique (Joëlle connaissait deux Napoléon: l'un tendre à la maison et l'autre impitoyable sur les champs de bataille). Les collectifs sont des noms qui renvoient à des groupes d'individus, mais qui peuvent néanmoins être comptés ou prendre le pluriel.
La distinction entre denses et compacts réside, d'une part dans leur origine et d'autre part dans leur référence. Certains compacts engendrent naturellement des emplois comptables (Quatre mariages et un enterrement). Nous allons simplement les considérés comme des déverbaux.
D'autres critères sémantiques peuvent être mis en oeuvre pour classer les substantifs: non relationnels/ relationnels, concret/abstraits
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