Eugène Ionesco (1909 – 1994)
Néa en Roumanie, d’un père juriste roumain et d’une mère française. Ils émigrent en France en 1913 où il passera sa petite enfance et écrivit ses premiers poèmes à l’âge de 11 ans, ainsi qu’un scénario de comédie et un « drame patriotique ». Il repart vivre en Roumanie avec son père suite au divorce de ses parents en 1925. Il entama des études de Lettres françaises à l’Université de Bucarest et participa à la rédaction de nombreuses revues avant-gardistes.
En 1934 il publie Non ! , un volume de critiques où Ionesco s’amuse à démolir les quelques grand noms de la littérature roumaine de l’époque.
Il part vivre en France en 1938 pour préparer sa thèse mais le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale l’oblige à rentrer en Roumanie. En 1942 il se fixe en France et obtient la naturalisation après la guerre.
1950 : La Cantatrice chauve, représentée au théâtre des Noctambules, parodie de pièces marqué par le théâtre contemporain. Il devient alors le père d’un nouveau genre, le théâtre de l’absurde où le non-sens et le grotesque recèlent une portée satirique et métaphysique. Influencé par Beckett, Kafka, Alfred Jarry, Urmuz ou encore Tristan Tzara. Mais il refuse de porter cette étiquette et préfère nommer ce genre d’insolite, insolite apprivoisée, insolite intégré dans les traditions. Il transforme la ‘Huchette’ en ‘Comédie Fraçaise’.
« C’est à mon avis un fait très significatif que les principaux représentants de cette avant-garde soient des étrangers déracinés dont on pourrait dire que la pensée se meut dans un no mans land. Un Beckett, un Adamov, un Ionesco vivent en réalité en marge de toute vie nationale qu’elle qu’elle soit, et ce phénomène de non-appartenance est lié à certaines caractères distinctifs de leur œuvre. Ce sont de nouveaux venus, et il faut entendre par là, ne disons pas seulement ce qui pourrait être trompeur, des déshérités, mais des hommes qui refusent tout héritage. »
Gabriel Marcel, auteur dramatique et critique littéraire (Nouvelle Revue Française, Europe, Nouvelles Littéraires)La Leçon (1950) comédie en 3 actes remplis d’humour noir dans une atmosphère inquiétante, un message politique montrant que le meurtre de masse était devenu partie intégrante de l’existence normale ; Les Chaises (1952) art oratoire et espoirs sont ridiculisés, une satire ; Amédée ou comment s’en débarrasser (1953), L’impromptu de l’Alma (1956) pièce marquant la rupture de Ionesco avec la critique de gauche avec les débuts de la mise en scène de contradicteurs qui réduisent à néant leur positions par le ridicule.
Reconnu pour son talent dès 1953, lui permettant de vivre de ses pièces, il obtient la consécration en 1959 avec Rhinocéros, dénonciation de toutes les formes de totalitarismes. Le Théâtre de l’absurde descend du théâtre surréaliste, mais sans filiation directe, il naît après la Seconde Guerre Mondiale donc, dans l’expérience de l’absence de sens affranchissant l’existence humaine, il met en crise les principes. En opposition au théâtre d’idées, des propos philosophiques sur une forme traditionnelle (Sartre, Camus). S’oppose également au théâtre bourgeois. Ionesco attire la critique, qualifié de fumiste, plaisantin avec son histoire de fous, on lui reproche de penser
Le roi se meurt (1962) annonce un « nouveau Ionesco », comparable à du Shakespeare, avec l’approfondissement d’un coté métaphysique, une méditation morale avec un aspect provocateur, comme l’horreur de vieillir et la peur de la mort. En nous forçant à affronter l’absurde, il le rend moins menaçant.
Printemps 1966, Ionesco fait son entré à la Comédie Française avec une présentation de La soif et la faim, sous certains sifflement mais avec l’appui de son ami Jean Anouilh. A la fin de sa vie il publie Notes et contre notes, paru initialement en 1962, ré-édité en 1966 par Gallimard. Ouvrage de réflexion sur le théâtre, avec son expérience du théâtre, les problèmes de l’auteur, son expérience personnel du théâtre mais aussi des controverses et témoignages et un questionnement sur vouloir être de son temps c’est déjà dépassé. Il entre à l’Académie française en 1970, la même année Philippe Senart publie un très long article dans La Revue des deux mondes en comparant la première de La Cantatrice chauve à la Bataille d’Hernani.
Macbeth (1972), remake moderne de l’œuvre de Sheakespeare montrant l’absurdité de masse résident sur le fait que la vie continue, il transcrit le manque toal de sécurité philosophie où la force vitale se heurte à l’indifférence de l’univers ref. à En attendant Godot de Beckett.
Il s’essaye au roman avec Le Solitaire (1973) et œuvres autobiographiques L’Homme aux valises (1975) et Voyage chez les morts (1981) où il revoit son passé comme au travers d’un songe, une descente aux enfers moderne, l’écrivain convoque un à un ses morts, les souvenirs se confondent bien que précis, les lieux et les êtres ne cessent de se transformer. Voyage chez les morts est un cheminement mythique où le personnage croise toutes les figures de son passé, des symboles, une œuvre remplis d’angoisse ou de remords, une interrogation spirituelle et douloureuse sur l’existence de l’au-delà.
Il est l’un des rares auteurs à avoir été publié dans la Bibliothèque de la Pléiade de son vivant, son Théâtre complet paraît en 1991. Même s’il n’écrit plus de pièce de théâtre durant ses dernières années, son ton passionnel s’est déplacé sur ses opinions politiques par l’écriture de pamphlet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire